Wolfram Nitsch – ‘Más que un medio de locomoción’ : estética y ética del avión en la literatura moderna.

Référence  : Nitsch, W. (2021). “Más que un medio de locomoción” : estética y ética del avión en la literatura moderna. Orbis Tertius 26(33), Artículo e198. https://www.memoria.fahce.unlp.edu.ar/art_revistas/pr.12774/pr.12774.pdf

DOI: http://dx.doi.org/10.24215/18517811e198

L’auteur est Professeur au département d’études françaises et hispaniques de l’université de Cologne. Il travaille entre autres sur la géographie littéraire, et fait partie du groupe du programme de recherche de l’UMR 7172 THALIM (Théorie et histoire des arts et des littératures de la modernité) Équipe “Écritures de la modernité (CNRS / Université Sorbonne nouvelle – Paris 3 / ENS), groupe qui tient le carnet Hypothèses Vers une géographie littéraire (https://geographielitteraire.hypotheses.org/).

Dans cet article, dont le titre comporte une citation de Saint Exupéry ( “Lettre au général X”), l’auteur compare les représentations de l’avion chez Saint Exupéry (Vol de nuit et Terre des hommes), Manuel Chaves Nogales (La vuelta a Europa en avión. Un pequeño burgués en la Rusía roja, texte de 1929), Roberto Bolaño (Estrella distante, 1996) et Claude Simon (Le Jardin des Plantes, 1998). Il s’intéresse à deux dimensions : l’avion comme moyen d’action, qui permet de reculer les limites (du monde et de soi-même), et l’avion comme outil de perception, qui permet de voir le monde (ciel et terre) d’une autre manière, et par conséquent de le représenter artistiquement d’une façon nouvelle.

Plan de l’article ( je traduis les titres) :

• – L’avion comme mode d’action (Saint Exupéry, Bolaño)
• L’avion comme mode de perception (Chaves Nogales, Simon)
• Conclusion : de l’exceptionnel au quotidien
• Bibliographie : 37 références, y compris les 5 du corpus étudié.

Points importants :

L’admiration pour les exploits des pilotes est répandue dans les milieux littéraires et artistiques : pour l’avant-garde , leurs prouesses traduisent l’esprit nouveau qui doit également être celui des créateurs (Apollinaire, Proust, Claudel). Dès lors, l’accident fait du pilote un martyr, qui meurt de façon héroïque. (Vicente Huidobro, Gide).

De plus, chez Saint Exupéry, les aviateurs sont des personnages engagés : leurs prouesses sont au service de la ligne, donc du transport du courrier, et, in fine, du rapprochement des hommes. Ce sens de la responsabilité se poursuivra en temps de guerre. L’aviateur apparaît donc comme un modèle pour l’écrivain engagé (Sartre).

En revanche, dès la Seconde Guerre mondiale, on voit apparaître en littérature une représentation plus sombre de l’avion et des aviateurs, suite aux bombardements aériens, qui révèlent la dangerosité et le potentiel assassin de l’outil (Jules Roy). Ainsi, chez Bolaño, la dimension héroïque et positive de l’aviateur s’accompagne d’une face sombre avec l’inquiétant personnage de Wieder, poète qui dessine ses poèmes dans le ciel, mais aussi pilote un Messerschmitt, soutient la dictature de Pinochet et participe à l’élimination des opposants politiques.

Pour ce qui est de la représentation de l’avion comme moyen de percevoir le monde, on la trouve chez Saint Exupéry (Terre des Hommes), et, avant lui, chez Manuel Chaves Nogales, puis bien plus tard chez Claude Simon. Cette représentation, si elle apparaît chez le pilote, est plus souvent celle du passager, personnage qui entre en scène dès 1919 (le journaliste Claude Blanchard, Paul Morand). L’auteur consacre un long développement à la vision de Chaves Nogales, qu’il articule avec ce que l’historien américain Leo Marx appelle le dilemme du pilote. Là encore, l’enthousiasme de Chaves Nogales en 1929 pour le “mode aviateur” est tempéré, par la suite, par l’expérience de la guerre : le regard du pilote est déshumanisant.

Apports de l’article pour la thèse

• la bibliographie ( en particulier : Blanchard, Chadeau, Chaves-Nogales, Desportes, Forest, Marx, Wohl);
• la notion de dilemme du pilote , qu’il va falloir creuser ;
• la contextualisation de l’expérience esthétique et éthique du pilote : cet article pourrait servir de début à une sociopoétique de l’avion;
• quelques citations particulièrement pertinentes de Chaves Nogales, Sartre, Emmanuel Chadeau.

Critiques

L’auteur ne cite aucun des travaux de Mélodie Simard-Houde sur le sujet de l’aviation, alors même qu’ils sont antérieurs à son article.

Par ailleurs, le plan de l’article me semble contestable : les deux modes (action et perception) se retrouvent nettement chez Saint Exupéry; l’évolution de la représentation du pilote, de l’admiration vers la critique est présente dans les deux parties. Un plan chronologique aurait donc été plus pertinent.

Conclusion

Article intéressant pour Enfanthèse, et pour l’après-thèse. Il faudra le relire soigneusement, ainsi que le chapitre cité de Leo Marx, lors de la rédaction de la section sur la posture auctoriale de l’écrivain-aviateur.

---

---